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Les Amis du Musée de la Marine de Loire,                                                                                                      du Vieux Châteauneuf et sa région

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Samedi 21 janvier 2023

 

Le Pénitent de Châteauneuf-sur-Loire

Texte datant de 1864, écrit par l’abbé Bardin, ancien curé de Châteauneuf.

 

Le personnage ainsi nommé « Le Pénitent » s’appliqua constamment à demeurer inconnu, et répondait aux questions indiscrètes de quelques-uns de ses amis que si ses vêtements savaient son nom, il les jetterait au feu de peur qu’ils ne trahissent son secret.

Il avait reçu une brillante éducation, parlait le latin, savait la musique, jouait du clavecin, faisait des vers. On apprit de lui qu’avant de venir à Châteauneuf, il avait suivi le métier des armes, voyagé au loin sur mer, et vécut quelque temps à la cour du Danemark. Etant venu passer ses quartiers d’hiver au sein de sa famille, il y perdit son père, après dix jours de maladie ; cet événement le jeta dans une tristesse profonde. C’est alors que touché par la grâce, il voulut être tout à Dieu, et pensa d’abord à se jeter dans la Grande-Chartreuse.

Parti à l’insu de sa mère, il voyage à pied, échange son habit contre un sarreau de toile, se fait passer pour un mendiant ; et de rebuts en rebuts, d’étable en étable, arrive à Châteauneuf vers l’Octave du Saint-Sacrement, en l’année 1674 ou 1675, et va prendre son logement, après maints affronts reçus dans le pays, chez un pauvre meunier appelé Moreau, à l’extrémité du bourg. Comme il avait les pieds enflés et couverts d’ampoules, il demanda au meunier la permission de passer, en payant, cinq à six jours chez lui. Cet homme brutal et emporté répondit par de grossières injures et l’envoya coucher au chaumier. Dès le matin il en sortit pour se remettre en route, et il avait fait à peine un quart de lieue, lorsqu’il entendit appeler par derrière : c’était le meunier, qui, sur les représentations de sa femme, venait lui offrir un modeste asile : il l’accepta comme venant de Dieu et revint immédiatement s’y installer.

Sa vie, dans cette maison, fut des plus austères : il visitait les malades, soulageait les indigents et consolait les affligés ; il couchait sur la paille, vivait de pain sec et d’eau, et n’était vêtu que de toile ; il partageait son temps entre la prière, le travail et les bonnes œuvres, servant de domestique à son hôte, rendant les services les plus bas aux gens du voisinage et accompagnant tout cela de paroles édifiantes.

L’estime qu’il inspira à M. de La Vrillière, porta ce seigneur à lui faire les avances les plus honorables : notre humble solitaire se tint toujours à distance ; et quand pressé d’accepter au moins quelques libéralité, il ne put refuser sans offense, il demanda pour tout bien qu’on lui fit bâtir une cellule de six pieds carrés, non loin de la maison du meunier qui l’avait accueilli : cette faveur lui fut octroyée, et Mme de La Vrillière voulut en outre se charger de sa pension, qui n’était pas grosse, puisqu’il vivait comme le plus pauvre des hommes : c’est dans ce réduit, et de cette manière qu’il passa trente-deux ans.

L’épreuve de l’adversité ne lui manqua pas : peu de temps après son arrivée dans le pays, un vol lui fut imputé, mais son innocence éclata et les juges la proclamèrent. Plus tard les libertins se firent un jeu de sa patience. On l’appelait dérisoirement : l’homme de toile ; on lui insultait le jour ; on l’éveillait la nuit ; on voulait l’amener à dire son nom ; troublé dans son sommeil, il répondit une fois l’impromptu suivant :  

Je suis un pauvre pénitent
Et bien coupable, et bien méchant !
Priez pour moi, mes bonnes gens,
Que Dieu m’amende :
Je le prie très humblement
Qu’il vous le rende.

 

La vertu comme on le voit, ne nuit pas à sa gaieté, et le cilice n’étouffe pas l’esprit.

Il mourut en odeur de sainteté à 63 ans, le 22 août 1707, et fut enterré dans le chœur de l’église au milieu d’un concours immense : son épitaphe est conçue en ces mots : Ci-gît le pénitent.  

Ce texte présente donc ce mystérieux personnage, dont on savait qu’il avait donné son prénom à son confesseur au moment de sa mort : Simon, autrement dit Pierre.

 

Après de longues et méticuleuses recherches, Monsieur Philippe Jourdain est quasiment certain de l’identité du Pénitent de Châteauneuf. Il l’a donné dans une conférence à Châteauneuf le 21 janvier et dans un livre.

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