Nous vous proposons sur cette page de porter un regard appuyé sur un événement, un document, un texte, une image ou encore un autre site web.
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Ce focus permettra d'enrichir nos connaissances sur la Marine de Loire, le Musée ou l'histoire de Châteauneuf et des Castelneuviens.
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N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques et suggestions !
LA CHAPELLE NOTRE-DAME DE L’EPINOY
A quelques pas du château, une petite porte dans le mur du parc, juste après la ferme, ouvre sur le quartier de la Bonne Dame, un quartier qui a été longtemps un quartier de vignerons.
Tout près s’élève une chapelle appelée « Notre Dame de l’Epinoy ».
L’origine de ce sanctuaire, sans doute le plus ancien de Châteauneuf, remonterait aux premiers siècles (VIIème siècle ?). La légende raconte qu’un pieux Seigneur aurait eu en songe des apparitions d’une dame couverte de déchirures d’épines. Marchant dans ses terres, il aurait un jour découvert une statue de la Vierge Marie au milieu d’un buisson d’épines. Il aurait édifié avec l’aide de la population une vaste église pour y placer la statue. La renommée de « Sainte Marie de Montraer (ancien nom de Châteauneuf) » était alors très grande. On l’appela ensuite « La Vierge sauvée des épines » ou encore « Notre-Dame de l’Epinoy » et puis « la Bonne Dame ».
Les gravures anciennes montrent combien l’église de l’époque était importante, avec en outre un cloître accolé. En 1685 l’état de dégradation laisse présager la ruine et le 22 janvier 1726 le clocher écrase dans sa chute l’ensemble de l’édifice. Le prieur fut autorisé à le reconstruire. Faute de moyens, elle fut rebâtie mais de taille plus petite, celle que nous lui connaissons aujourd’hui, avec le porche roman du XIème siècle.
Pendant la Révolution, elle fut convertie en magasin d’approvisionnement pour les troupes après que la statue ait été cachée. Bien national, la chapelle est vendue le 10 juillet 1796 à Pierre Maria et, malgré son mauvais état, sera rendue au culte devant l’insistance des habitants de Châteauneuf. Il la revendra 400 francs à la fabrique le 10 décembre 1823. La voûte fut reconstruite en 1844 et Eulalie Lebrun, propriétaire du château, offrit la cloche en 1846.
Face à la chapelle, une croix biface, très rare dans notre région, est en place depuis le 15 août 1885.
La chapelle Notre-Dame de l’Epinoy a été pendant des siècles un lieu de pèlerinage. Les vignerons de Châteauneuf se sont placés sous sa protection, avec notamment un pèlerinage chaque année le 08 septembre ; deux bannières sont toujours pendues à proximité du retable où est installée la statue de la Vierge.
Son état, une fois encore, avait entraîné sa fermeture en 1994 jusqu’à ce jour de mai 2011 où, remise en état par la municipalité comme l’ont fait tant de générations au fil des siècles pour tenter d’effacer les agressions des hommes et du temps, elle a retrouvé tout son éclat.
Depuis toujours, les riverains ont profité du bord de l’eau pour s’y rafraîchir. Mais c’est vers la fin du XIXè siècle que les bains de rivière, dans l’inspiration du bain de mer recommandé alors pour ses vertus, connurent un véritable engouement auprès d’une population plus citadine. Le développement du chemin de fer favorisa également ce « tourisme fluvial » avant l’heure.
Le succès des plages de Loire se confirme bien avant les congés payés de 1936, et ce sont buvettes de plage, jeux d’enfants, cabines au tissu rayé ou bateaux qui foisonnent à la belle saison sur les langues de sable. Les cartes postales locales présentent la plage et sa foule de baigneurs, au même titre que l’église, le monument aux morts ou la place ombragée du bourg.
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Très vite, les autorités s’alarmeront de la sécurité des baigneurs…et de la moralité de leur comportement ! C’est jusqu’en 1925 que les femmes et les hommes seront séparés via des textes réglementaires affichés sur les plages, mais aussi les hommes baigneurs « nus » (en sous-vêtements !) des hommes baigneurs « habillés » (avec de lourds caleçons en tricot et à bretelles !)(**).
La plage à Châteauneuf vers 1950 ?
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Au fil des drames, les autorités tenteront de diminuer le risque avec des zones de baignades bien délimitées, voire surveillées. Mais les journaux de l’été, malgré les plages municipales, la surveillance, les infractions verbalisées, relateront tous les ans les accidents lors de la baignade en Loire.
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Il y avait là une espèce de fatalité, un risque assumé, notamment de la part des autochtones qui représentaient la majorité des victimes. Les municipalités, responsables de leur territoire, ne pouvaient l’accepter.
Drapeau vert et surveillant de baignade, plage de Châteauneuf
Le soleil, l'eau, le sable...le paradis ?
(tout au fond le hameau de La Ronce)
A partir des années 1960, le débat s’amorce quant à l’interdiction définitive des baignades dans le fleuve. C’est en 1966 qu’Orléans interdira la baignade en Loire par arrêté municipal. En 1975 la grande majorité des baignades en Loire seront interdites et, en 1980, on peut considérer que l’interdiction est générale.
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Plusieurs points seront à l’origine de cette interdiction : la sécurité intrinsèque du fleuve avec les tourbillons, les «culs-de grève», les courants, mais aussi la qualité sanitaire de l’eau (à l’époque peu de stations d’épuration) et surtout, la généralisation des équipements nautiques communaux depuis les années 1960.
Des joutes à Châteauneuf !
Non, ce n'est pas une station balnéaire, c'est bien la plage de Châteauneuf en été !
Le fleuve connait désormais une nouvelle réappropriation avec d’autres activités (canoë, Loire à vélo, découvertes nature et faune). Mais il sait rappeler durement à l’ordre quand on l'ignore ou que l'on néglige son côté sauvage tel qu’à Saint-Satur en juillet 2020.
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(*) Arrêté de la Préfecture du Loiret en date du 17 août 1966
(**) Jean Michel Roudier - in "Les plages de Loire" - Publication du Musée de la Marine de Loire - (2003)
Toutes les illustrations de cette page sont issues des collections des Amis du Musée de la marine de Loire et du vieux Châteauneuf. Elles proviennent
du fonds iconographique
Seznec-Lechat
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à consulter l'ouvrage "Les plages de la Loire" publié par le Musée de la Marine de Loire en 2003 et toujours disponible (couverture ci-contre), et dont le présent FOCUS reprend l'essentiel.
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A voir également :
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La page internet des archives Départementales du Loiret consacrée aux plages de Loire
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Les panneaux de l'exposition mobile de 2016 de la Mission Val de Loire " Plaisirs de Loire (1800-1970) " en téléchargement.